le manhwa
Quest ce que le manhwa ?
On l’appelle « BD » sous nos latitudes, « comics » aux USA,
« Fumetti » en Italie, « Manga » au Japon. La bande dessinée porte ainsi divers noms selon les pays. En Corée, on la nomme « Manhwa ». Or, si nous savons que chacune de ces traditions du trait et de la narration porte ses particularités propres, on ne s’est jamais vraiment penché sur celles propres au Manhwa. Alors, clone du Manga ou bande dessinée authentique ?
Cette bande dessinée est basée sur une peinture traditionnelle de l’extrême Orient, dans laquelle on retrouve la particularité toute asiatique du travail de la ligne et du vide. Les thèmes, à l’origine, s’entendent autour d’un style épique typiquement Coréen. Pratiquement, le Manhwa est un album en format poche ou semi-poche d’environ 200 pages, se lisant de gauche à droite de manière assez rapide. Un gros lecteur peut ainsi lire jusqu’à 1400 Manhwa en une année. On retrouve ici nombre de similitudes avec le manga japonais, sinon deux différences fondamentales, l’une de forme puisque le Manhwa se lit de gauche à droite (comme la BD en France), l’autre de fond car cette BD coréenne aborde plus franchement des thématiques proches de son histoire et de ses réalités sociales.
Le Manhwa est ainsi une BD que l’on ne connaît pas, voire que l’on a ignoré. Bercé d’une conception tripartiste de la création BD, entre les USA, le Japon et la France, le reste du monde apparaissait aux yeux de beaucoup comme quantité négligeable. Sous nos latitudes, c’est à peine si un titre a pu voir le jour (Harmaggedon, chez Kana), habituellement associé à un manga. Ce fut donc pour beaucoup une surprise que de découvrir une BD, et un marché, non pas équivalent au nôtre, mais bien plus puissant, tant dans sa création multiforme que dans ses ventes, astronomiques.
Ainsi la France est un pays de 58 millions d’habitants (avec les dom tom) avec un marché BD envisagé autour de 230 millions d’Euros (soient 5% du marché livre) pour près de 2 000 titres édités en 2002 et 30 millions d’exemplaires vendus.
En Corée, pays de 46 millions d’habitants, le marché du Manhwa représente ainsi près de 9100 titres édités, soient 27% des publications papier pour 42 millions d’exemplaires vendus. Ceci nous donne un marché, en ventes pures, à 3 niveaux qui, donc, en 2002 a rapporté 60 millions d’Euros (pour la vente directe), 14 millions d’Euros (pour la BD digitale) et 430 millions d’Euros (pour le marché de prêt). Rien à voir, donc. Mais l’on observe immédiatement que si la Corée édite plus de livre que la France, ce sont néanmoins deux marchés parallèles à la vente qui génèrent le chiffre d’affaire total faramineux de 504 millions d’Euros ! Car en France, il n’existe pas encore de marché de la BD digitale et il n’a jamais existé de marché de prêt.
Ce marché de prêt est une particularité asiatique qui a connu son temps au Japon (il demeure encore de manière plus discrète) mais dont le succès ne s’est jamais démenti en Corée, s’articulant autour des fameux Manhwabang. A l’exemple des Akahon (librairies de prêt japonaises), il existe donc des salles de lecture de BD en Corée. Apparues en 1959, on y loue à l’heure des albums à lire sur place. Ces salles sont ouvertes 24h/24 et proposent boissons et grignotages divers aux bédévores coréens.
Si au Japon, la conquête de la presse par le média BD a sonné le glas des Akahon ; en Corée, les Manhwabang font partie intégrante du paysage culturel et se comptent par milliers (3 000 recensées à ce jour). Le Manhwa est aujourd’hui considéré comme économiquement porteur et culturellement légitime dans son propre pays. Depuis 2 ans, une journée de la bande dessinée a même été décrétée. Le Manhwa existe depuis le début du 20è siècle, mais la création s’est véritablement développée à partir des années 80, explosant avec une telle force que l’on constate aujourd’hui un fort ralentissement de la créativité. Le Manhwa s’enseigne en Corée, puisque l’on trouve aujourd’hui 11 universités possédant un département BD,
70 en tout si l’on englobe l’animation et le multimédia, domaines associés.